Eye of the beholder

Ecran titre du jeu Eye of the beholder

Jeu de rôle, 1990

Editeur : SSI

Développeur : Westwood

L'histoire

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L’histoire de Eye of the beholder prend place dans les « Royaumes oubliés » (« Forgotten Realms »), monde créé par Ed Greenwood pour ADD et publié par TSR. La ville de Waterdeep, au nord de Baldur’s gate, souffre de troubles mystérieux sans cause apparente. Après avoir suspecté l’influence des villes voisines d’Amn et de Calimshan, Khelben, mage et ami du seigneur de Waterdeep Piegeiron, porte son attention sur le mystérieux Xanathar qui agirait depuis le sous-sol de la ville. Missionné avec votre équipe par Piergeiron pour aller à la rencontre du mal et le combattre, votre première étape vous conduit donc dans les égouts de Waterdeep, munis d’une lettre de marque vous autorisant à mener vos investigations. Alors que vous pénétrez dans les égouts le passage s’effondre juste derrière vous, condamnant l’entré…

Un jeu de rôle ?

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Eye of the beholder sort seulement un an après Dungeon Master, qui posait les bases (ou les reprenait après la série des Bard’s tale) d’un certain type de jeux de rôle sur ordinateur (déplacement par cases, jeu conçu pour la souris, combats en temps réel, aventure en intérieur…). Le jeu bénéficie d’un atout de taille, puisqu’il repose sur les règles de la deuxième édition d’ ADD, instaurant d’emblée une familiarité pour les connaisseurs du genre, et se déroule dans le célèbre univers des « Forgotten Realms » (qui est aussi celui des futurs Baldur’s gate). Il est possible de créer ses personnages (quatre), avec les traditionnelles classes, races et caractéristiques de Donjons et Dragons (les caractéristiques peuvent être tirées au sort ou déterminées par le joueur). Il sera possible d’enrôler deux personnages de plus au cours de l’aventure.

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Le jeu n’offre guère la liberté d’action que propose un jeu de rôle et fait l’impasse sur certains éléments phares du genre. Il n’y a pas de système d’argent, et toute l’aventure se déroule dans un périmètre bien défini, qui est celui des égouts puis du sous-sol de Waterdeep (jamais on ne voit l’extérieur dans le jeu). Les règles du jeu de rôle sont traduites de façon restreinte pour être adaptées à l’univers limité d’un « dungeon crawler » : par exemple tous les sorts ne sont évidemment pas disponibles (et ils sont limités au niveau 5). Eye of the beholder n’est donc peut-être pas réellement un jeu de rôle (comme beaucoup de jeux vidéo qui se présentent comme tels), mais il a su tirer de ce genre des éléments fondus dans une mécanique parfaite.

Un jeu linéaire mais prenant

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En effet Eye of the Beholder n’offre pas vraiment de choix au joueur, en dehors de rares moments (choix du comportement à adopter envers les nains et les Drows). Les niveaux se succèdent en attirant chaque fois le joueur vers les profondeurs de Waterdeep, bien que la linéarité de la progression se fasse de plus en plus chaotique au fur et à mesure du jeu (avec les portails de téléportation et les niveaux qui sont parfois complètement émiettés, le joueur ne cessant de monter et descendre des escaliers). Pourtant l’intérêt de la partie est régulièrement relancé avec une grande maîtrise, par l’apparition de nouveaux décors (les niveaux de pierre grise des nains, ceux sombres des drows), énigmes, monstres, et l’accession à de nouveaux sorts par le gain d’expérience. Il peut arriver que le joueur passe un bon moment sans rencontrer de monstres, se heurtant uniquement à des énigmes, dont certaines sont nerveusement éprouvantes (comme des téléportations imperceptibles pour le moins désorientantes).

Qualités et défauts techniques

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Au niveau graphique le jeu apporte un progrès considérable comparé à Dungeon Master. Au niveau des sauvegardes on ne dispose que d’un seul emplacement, ce qui peut poser problème même si Eye of the Beholder est conçu de façon à ce que l’on puisse rarement « bloquer » sa partie de façon définitive. Autre défaut, qui n’en est pas forcément un d’ailleurs : l’absence de carte automatique. En effet, comme beaucoup de ses prédécesseurs le jeu repose sur le sens de l’orientation du joueur, qui devra le plus souvent faire ses propres cartes. Cet exercice rallonge considérablement le temps de jeu et a pour mérite de placer le joueur dans des situations stressantes, lorsqu’il doit surveiller l’action à l’écran tout en faisant son plan (vraisemblablement sur une feuille à carreaux puisque le jeu fonctionne par cases).

Un avis

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De l’avis de toute une génération de joueurs, qui l’ont connu sous MS-DOS ou Amiga, Eye of the Beholder est un très grand jeu. Conçu avec une ambition modeste en regard de sa qualité de jeu de rôle (pas de villes ni d’extérieurs, pas de magasins, peu de PNJ), le jeu choisit délibérément de limiter considérablement son univers pour l’exploiter à fond. Il en résulte une succession de douze niveaux riches et variés, où l’intérêt est rarement de se promener (comme on peut le faire dans un Ishar) mais de pousser l’aventure plus avant pour gagner en puissance et découvrir une adversité plus retorse. La quintessence du dungeon crawler en somme.