Jeu de rôle, 1991
Editeur : SSI
Développeur : Westwood
Après votre victoire face à Xanathar le beholder, vous avez été chaleureusement fêté à Waterdeep. Toutefois Khelben Blackstaff, archimage de Waterdeep, vous fait part de son inquiétude : une autre menace prend corps avec la disparition de personnes aux environs de la cité. L’une de ces personnes est l’érudit Kelso, qui évoque dans son journal l’extermination du village de Torzac par un puissant drow en des temps reculés et a disparu en partant à la recherche des vestiges de cet évènement. Ayant déjà envoyé une personne en reconnaissance (une certaine Amber) qui ne donne plus signe de vie, Khelben décide de lancer dans l’aventure les vainqueurs de Xanathar…
Eye of the beholder II reprend de façon quasi intégrale l’interface et les graphismes du premier volet (on retrouve quelques monstres communs tels que les mantes religieuses – « mantis warriors », les flagelleurs mentaux – « mind flayers » ou les fameux beholders). Il est d’ailleurs possible d’importer quatre personnages du premier jeu, avec l’essentiel de leur équipement, ce qui donne un avantage certain au joueur. Enfin, au niveau technique cette suite permet d’accéder à des niveaux plus élevés pour les personnages, et surtout à de nouveaux sorts (de niveau 6) pour les magiciens et les prêtres. Si les jeux sont très semblables au premier abord, ce deuxième volet apporte toutefois quelques éléments discrets qui contribuent cependant à faire de Eye of the beholder II un jeu en tous points meilleur que son prédécesseur.
Les environnements (l’apparence des couloirs et des portes) ne sont guère plus nombreux et l’introduction en forêt n’est qu’une fausse innovation (puisqu’on retrouve la même structure labyrinthique des donjons, mais avec de la végétation au lieux des murs), mais les niveaux ont une forme de cohérence qui était peu présente dans le premier épisode : le temple de Darkmoon est une forteresse habitée et organisée, avec ses dortoirs pour les gardes, ses appartements pour les moines, des garde-mangers, des geôles et des salles de torture. Ces éléments renforcent l’impression de participer à une histoire et non de résoudre des puzzles un peu gratuits comme on pouvait parfois le ressentir dans Eye of the beholder et ses salles vides. Ce renforcement scénaristique est perceptible à d’autres éléments : les remarques des personnages de l’équipe sur les lieux visités sont plus nombreuses, il y a davantage d’écrans d’illustration qui présentent des situations ou des ennemis, l’adversaire final Dran Draggore se manifeste plusieurs fois au cours de l’aventure, de même que votre commanditaire Khelben.
Un soin tout particulier est apporté à la rencontre des PNJ à enrôler, qui sont davantage découverts « en situation » (Insal dans un cachot, Calandra dans une salle de torture) alors que le premier épisode les proposait souvent sous forme de simples ossements à ramener à la vie. Enfin la structure des niveaux change légèrement : on a aussi bien des niveaux étendus que d’autres très réduits, des énigmes plus complexes et surtout des monstres qui se régénèrent, ce qui était quasiment absent du premier volet.
Les combats sont eux aussi plus difficiles, avec des adversaires nettement plus puissants et des moments où le joueur peut être littéralement submergé d’ennemis (l’armée de guerriers squelettes au début du jeu, les flagelleurs mentaux à la fin). Enfin, ultime raffinement de ce deuxième épisode, l’ennemi final se montre retors et agrémente le combat d’une transformation spectaculaire, tandis que sa fin est suivie d’une petite séquence graphique qui dénote une nouvelle amélioration par rapport au premier volet qui ne dispensait qu’une modeste conclusion textuelle.
Alors que le premier Eye of the beholder était déjà reconnu comme une réussite, Westwood est parvenu à améliorer le jeu en tous points dans ce second volet. Il représente de façon quasi unanime une réussite totale dans son genre, faisant se succéder des combats équilibrés et des énigmes variées. Il s’agit sans aucun doute d’un des chefs-d’œuvre du genre à son époque, si ce n’est le jeu à retenir s’il faut en choisir un seul.